Le pacte sécuritaire de Felix Tshisekedi avec João Lourenço

Félix_Lourenço

En neuf mois d’exercice du pouvoir, Felix Tshisekedi a opéré un rapprochement aussi spectaculaire que discret avec l’Angola, que l’administration de Joseph Kabila considérait comme un voisin hostile. Cette alliance diplomatico-sécuritaire ne touche pas encore le domaine pétrolier, principale pomme de discorde entre les deux pays.


Raids secrets

Depuis juillet dernier, le camp de réfugiés de Lundo Matende, situé à Lukula, dans la province congolaise du Kongo central, fait l’objet de raids nocturnes réguliers menés par l’armée angolaise. Ces opérations, sur lesquelles l’administration de Felix Tshisekedi ferme les yeux, visent à appréhender des activistes présumés du Frente de Libertação do Estado de Cabinda (FLEC), le mouvement indépendantiste cabindais. Près de 50 000 Angolais originaires du Cabinda se sont en effet réfugiés dans des camps situés en RDC, mais également au Congo Brazzaville. La très grande majorité sont sympathisants de la cause indépendantiste, sans pour autant être membres du FLEC. Bien que le camp de Lundo Matende soit placé sous la tutelle de l’ONU, l’armée angolaise y intervient presque quotidiennement.


Miala, cheville ouvrière du rapprochement

Le rapprochement de Félix Tshisekedi avec João Lourenço a été largement facilité par le général Fernando Garcia Miala, directeur du Serviço de Inteligência e Segurança do Estado (Sinse), les tout-puissants renseignements intérieurs angolais. Parfaitement francophone, Miala avait, dans les années 2000, été l’émissaire de l’ex-président José Eduardo dos Santos auprès de Joseph Kabila, avant d’être démis de ses fonctions à la tête du renseignement extérieur en 2006.

Soutien actif de l’accession au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila dans les années 90, l’Angola avait espéré que Joseph Kabila marche dans les pas de son père. Las : ce dernier avait rapidement pris ses distances avec Luanda, au point de laisser ses conseillers souffler le chaud et le froid sur le très sensible dossier de la frontière maritime entre les deux pays.

Revenu aux affaires l’an dernier dans le sillage de l’élection de João Lourenço, Fernando Miala a organisé la visite de Felix Tshisekedi en Angola, en février, dernier, qui fut le premier voyage officiel du président angolais après son élection. Miala a également pris soin d’associer Tshisekedi à la médiation menée cet été par João Lourenço entre l’Ouganda et le Rwanda.


L’épée de Damoclès de la frontière

Le rapprochement entre les présidents congolais et angolais reste à la merci de la question, lancinante, de la délimitation du tracé de la frontière maritime entre les deux pays. Les blocs 14, opéré par le pétrolier américain Chevron dans l’offshore angolais, et 15 d’ExxonMobil débordent en effet sur les eaux territoriales congolaises, et les deux pays n’ont jamais réussi à régler le dossier, qui amputerait la production pétrolière angolaise. Dans une interview donnée à TV5 monde, le 22 septembre, Félix Tshisekedi a indiqué, au détour d’une phrase, que João Lourenço « esquivait » ce problème.

Afrique Intelligence

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